La demie-elfe grimaça. La douleur qu’elle ressentait était seulement égalée par l’exaspération croissante qui montait en elle. Elle était pourtant du genre optimiste, d’habitude…Enfin, quand ça l’arrangeais. Or, à ce moment précis, toute la prestance qu’elle se donnait partait en poussière face aux interrogations qui l’obsédaient chaque jour un peu plus. Comment arriverait-elle à mener son plan à bien, comment arriverait-elle à cacher ce détail a son Maître, comment se débrouillerait-elle pour que ce même détail ne la gène ni pendant ses entraînements, ni pendant son sommeil…Un autre problème se présentait à elle : comment se débrouillerait elle à l’apparition de ce détail ? Elle arriva devant la porte de la chambre de Tyara. Elle se colla contre le mur face au panneau de bois et se laissa glisser sur le sol. Bon. On inspire, on expire, on inspire, on expire… Et on pense à autre chose. Car elle savait pertinemment que son Maître aurait la possibilité de lire dans ses pensées à tout moment. Et il serait sans doute mal venu de lui bloquer cette porte. Ca l’exaspérait, ça aussi. Pourquoi ces hommes et ces femmes auraient le droit de violer leur intimité ? Qu’ils n’y aillent que pour rechercher un renseignement, elle n’en doutait pas, mais que la curiosité les pique non plus. Voilà, tourner ses pensées vers sa colère. Pourquoi changer de nom, pourquoi renier sa famille, son rang et son royaume…Et pour elle, pourquoi renier une partie d’elle-même… ? Non, ne plus y penser. Elle sonda maladroitement la pièce. Tyara y était. Eirian se redressa et s’avança. Elle posa délicatement sa main blanche sur la poignée et entra sans faire de bruit. Au salut de la jeune femme, Ri soupira discrètement. Mais oui. Quelle meilleure entrée en matière que de réveiller son Maître ?
- Bonsoir, Dame, murmura-t-elle du bout des lèvres, Je suis désolée de vous avoir réveillée…
Elle détailla la pièce. Deux lit, dont un occupé par son interlocutrice, un miroir sobre sans décoration, une fenêtre qui donnait sur la cour du château… Il n’y avait pas grand chose de vraiment personnel dans la pièce, mais une ambiance bienveillante enveloppait la chambre. Parfait…Eirian montrerait enfin ce dont elle était capable…